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L'art entre science et magie; une évidence
15 juillet 2015

Ma démarche artistique:

Certains dénoncent, d'autres hurlent, de mon côté, trop souvent impuissante, je fais, au meilleur de mes possibilités.

Qui a-t-il de commun entre le dessin d'un enfant en Thaïlande, la main tremblante d'une malade de Parkinson, la fierté violente d'un homme à la rue qui s'inscrit jusque sur sa toile? Cette dame qui t'interpelle, agressive, pour que tu fasses "sa photo"? Cet activiste qui remercie parce que tu montres la beauté de son pays et non ses malheurs? Ce petit trafiquant qui te demande, tremblant, si tu peux reproduire en grand et en peinture la toute petite photo d'identité, seul trésor en sa possession de son père en fin de vie.

Si l'art est à mi-chemin entre la pensée scientifique et la pensée magique, j'ai eu l'extraordinaire bonheur d'en vivre son mystère. Peut-être dans le silence de la chambre. Un peu alors que le trait t'échappe ou se fait sans que tu comprennes. Certainement dans le sourire ou l'ébahissement d'un enfant, d'un jeune homme, d'une maman.

Je dessine mais maladroitement.

Je peins mais ma touche est modeste.

J'anime mais à l'écoute et au culot, sans savoir où je vais.

Je ne domine pas les techniques, je ne connais pas les concepts mais j'ai la chance de pouvoir vivre "les yeux dans les yeux".

Et si l'art était aussi tout simplement cela? Mais alors comment le transmettre, comment en témoigner?

Je ne parle pas de faire la belle fleur. Je ne parle pas de philosophie, je ne parle pas de politique, je ne parle pas de question de société, je ne parle pas de la guerre, je ne parle pas de dénoncer. Je ne parle pas de mal-être. Je ne parle pas de sensation, d'impression, de rêves, naturels ou artificiels. Je ne parle pas de transformation d'un corps. Je parle un peu de transformation d'une âme, peut-être. Je parle de rencontre. Je parle de ces instants où tu es, où nous sommes: un.

A Bruxelles j'ai travaillé avec Lorent Wanson pour le spectacle "Les ambassadeurs de l'ombre". Parce que les acteurs des rues et des taudis ouvraient leur coeur et leurs réalités de vie, lui le metteur en scène "anarchiste" prenait conscience de son ignorance. Alors il a rêvé aux robes de mariés, aux costumes de bal ... et des touches de couleurs ont égayé son univers théâtral.

Je suis en Centrafrique, je ne sais pas ce que je vais faire. Je m'inscris à l'école des métiers d'art. Je peins, avec les enfants, Carole et Blandine, une fresque sur les murs du centre de nutrition. J'anime des ateliers avec les enfants de la Voix du coeur. Je croque les scènes de vie. Les passants demandent leur portrait, vite, de suite. Je me débrouille comme je peux. Je suis envahie. De retour en France, je classe tout cela. Je vois ces portraits colorés à l'aquarelle sur le croquis original ou sur sa photocopie en noir et blanc. Je devine une nouveauté. Certes pas dans la technique, ni dans l'idée d'une juxtaposition. Dans la situation vécue. Dans la rigidité des poses qui t'oblige à repenser les pourquoi et les sujets de l'art.

Avec Marianne, nous peignons depuis plusieurs années, justement la belle fleur, le petit enfant, la maison rêvée. Des moments de paix pour elle. De plus en plus sa main tremble, alors je l'aide. Au final une exposition au centre social. Je range et numérise les dessins avant de lui offrir le classeur des originaux. Je devine une nouveauté. Certes pas dans la technique, dans les sujets. Dans la situation vécue. Dans la maladresse des traits et des sujets qui t'oblige à repenser les pourquoi et le statut de l'artiste.

Lorsque je m'installe dans la cité qui va être détruite, je ne sais pas pour combien de temps. Je ne sais pas pour quoi faire. Je commence à nettoyer le jardin et à le décorer de petits bâtons colorés tel un jardin "zen" contemporain et alors ... nous avons peint les parpaings. C'est vers la fin que les écritures sont apparues (avec la venue de BFMTV) et aux tous derniers jours que j'ai rêvé du titre fédérateur: "Permis de rêver". En commentant le projet à une journaliste, nous avons compris la nouveauté du projet. Certes pas dans les peintures elles-mêmes, ni dans l'idée de cacher la misère par des couleurs, ni ... Mais dans le respect de chaque idée, slogan ou dessin maladroit, débarquant de manière organique et construisant un tout. Une démarche qui t'oblige à repenser les pourquoi et la place de l'artiste.

Alors est venu le temps de le dire. Et reprenant des chemins déjà tracés, utiliser le langage publicitaire, le détourner des objets à avoir, des opinions à crier, des solutions à affirmer, des doutes à exprimer pour raconter, conter des histoires de vie.

« Quand on a été touché par le mal absolu, la seule réponse est la fraternité. » (Geneviève de Gaulle Anthonioz)

Mon rôle est poétiser cette évidence.

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